Bien préparer sa reconversion des sportifs de haut niveau

Reconversion des sportifs de haut niveau: pourquoi est-elle si mal vécue ?

Article invité rédigé par Mélanie Revellat, fondatrice d’Athlètes Reconversion et coach spécialisée dans la reconversion des sportifs de haut niveau.

Ndlr: l’expression “le sportif” désigne ici tout athlète, indifféremment de son genre.

S’il y a bien un point commun à tous les sportifs de haut niveau, c’est que leur carrière s’arrêtera un jour. Trop souvent, cette étape de transition des terrains vers le monde de l’entreprise est mal vécue. Pourquoi ? Principalement car les athlètes et leur entourage méconnaissent ou sous-estiment tout ce qui se joue lors de la reconversion des sportifs de haut niveau. 

Anticiper sa transition de carrière, c’est d’abord connaître les obstacles auxquels le sportif peut faire face. Non pas pour prendre peur, mais bien pour préparer le plan de jeu. Un peu comme quand on analyse ses adversaires. Car l’enjeu, au final, c’est bien de réussir et de gagner le match de sa carrière – qu’elle qu’en soit la phase: pendant et après le sport.

Tu es un(e) athlète et tu souhaites préparer au mieux ta transition de carrière ? Ou un(e) proche de sportif(ve) de haut niveau et tu cherches à l’accompagner au mieux dans cette étape ? Tu trouveras dans cet article les implications de la fin de carrière d’un sportif à plusieurs niveaux (contextuel, psychologique, physiologique) poour anticiper et aborder au mieux ce moment capital.

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Chiffres et enjeux de la reconversion des sportifs de haut niveau

La carrière d’un sportif de haut niveau n’est pas éternelle. Elle est fortement corrélée aux aptitudes physiques et athlétiques, qui déclinent avec le…vieillissement. Même si, quand on sait que les athlètes prennent leur retraite autour de 34 ans en moyenne, cela peut paraître relativement jeune. Cela reste bien une moyenne. Dans certains sports le pic de performance et l’arrêt de la carrière sportive sont bien plus tôt, dans d’autres ils se font plus tardivement.

Vieux-jeunes pour les uns, jeune-vieux pour les autres… Toujours est-il qu’à 34 ans et selon les dernières réformes autour de la retraite, il reste encore une belle trentaine d’années de travail pour ces compétiteurs. Tous les sportifs de haut niveau vont donc être amenés, tôt ou tard, à mettre un terme à leur carrière sportive et se reconvertir. 

Chaque année, parmi les 15 000 sportifs inscrits sur liste ministérielle, environ 4000 raccrochent le maillot. Il est estimé que 40% de ces jeunes retraités n’ont pas le baccalauréat. Et près de la moitié devra faire face à des troubles de santé mentale (troubles du comportement alimentaire, anxiété, dépression…). 

Pourquoi la fin de la carrière sportive est-elle si mal vécue ? Probablement car les athlètes y sont peu préparés et mal accompagnés. Car le personnel encadrant des clubs, fédérations, etc. ne le sont pas plus, ou que ce n’est pas leur mandat. Non pas par négligence ou désintérêt. Plutôt par manque de volume et de moyens.

Je vais tâcher dans cet article de détailler ce qu’il se joue lors de la reconversion d’un sportif de haut niveau. Le but ici est d’éveiller les consciences des athlètes sur cette étape cruciale et inévitable de leur carrière sportive, afin qu’ils sachent à quoi s’attendre. Et surtout qu’ils puissent mieux préparer et vivre leur transition professionnelle.

Le sport de haut niveau, un métier à part entière…

En repoussant chaque fois un peu plus les limites du corps humain et en établissant de nouveaux records, la barre de la performance sportive se situe toujours plus haut. Afin d’exceller, les sportifs doivent s’entraîner toujours plus pour atteindre le haut niveau et y rester.

On compte en moyenne 25 heures d’entraînement par semaine, 200 jours de déplacements chaque année pour les diverses compétitions et stages. Les plus jeunes commencent dès l’âge de 12 ans. Lors d’une année olympique, ils consacrent en moyenne 6 heures par jour à leur pratique, 5 voire 6 jours sur 7. Sans parler du temps de récupération et autres rendez-vous: kinésithérapie, préparation mentale, etc., et la recherche de sponsors pour se financer

Naturellement, les sportifs arrivent donc sur le marché du travail face à des trentenaires ayant déjà une dizaine d’années d’expérience. Tant du côté des athlètes que de celui des employeurs, chaque camp a du mal à voir ce que les premiers peuvent apporter aux seconds.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la transition d’une carrière sportive vers un métier plus “standard”, généralement moins immédiate et fluide qu’une reconversion classique.

Les limites des méthodes de reconversion classiques pour les sportifs de haut niveau

Quand le Bilan de Compétences classique est réducteur

Pour ces profils particuliers que sont les sportifs de haut niveau, les bilans de compétences traditionnels n’aident malheureusement pas toujours. A juste titre, puisqu’ils sont pensés pour des personnes souhaitant se reconvertir d’un “métier conventionnel” vers un autre.

En appliquant cette méthodologie sans prendre en compte les spécificités de la carrière d’un athlète, on peut vite tomber sur des résultats qui ne conviennent pas aux principaux concernés. Avec parfois pour conclusion des options restreintes (si ce n’est, des stéréotypes fâcheux).

Parce que j’ai été sportif, mon avenir professionnel se joue entre: entraîneur, chef de rayon chez Decathlon ou pompier”.

Soyons clairs, ces trois professions sont très bien (et je salue tous ceux qui les exercent). Mais il en existe aussi beaucoup d’autres ! Alors la question est la suivante: est-ce qu’elles intéressent le sportif concerné et constituent un projet professionnel valide pour lui ? 

Dépasser les stéréotypes et conclusions hâtives

L’enjeu de la reconversion des sportifs de haut niveau est donc bien pour l’athlète de faire un pont entre une expérience de vie avec un parcours unique, et un monde de l’entreprise plutôt normé (surtout en France). L’objectif étant de trouver réponse à la question cruciale, de l’autre côté du rivage: “de quel métier j’ai envie ?”. 

Si je poursuis la métaphore du pont, en contrebas se trouve le fleuve à traverser. Ce sont tous les rapides et remous auxquels le sportif va devoir faire face lors de sa transition vers le monde de l’entreprise. Ces difficultés risquent de le déséquilibrer et de le faire sombrer. C’est le manque de connaissance de ce tumulte qui mène l’athlète à mal vivre sa fin de carrière. 

Le surnom “petite-mort” donné à ce moment de vie est quand même révélateur…  À titre personnel, je souhaite que l’on cesse de l’utiliser. Pour cela, il faut que l’on change l’expérience autour de la fin de carrière. La mort, dans notre culture occidentale, marque une fin sans “après”. C’est quand même ahurissant de faire croire à des personnes dans la trentaine que leur vie va s’arrêter avec leur sport !

Il y a évidemment une suite, un nouveau chapitre à écrire, qui sera différent mais pas nécessairement moins beau. Je préfère parler de transition professionnelle, de reconversion. C’est pour cela que j’ai créé Reconversion Gagnante, un accompagnement adapté spécifiquement pour les athlètes en reconversion.

Sans plus attendre, intéressons-nous à ces événements, ces remous, auxquels le sportif pourra être exposé à la fin de sa carrière. Il y a autant de cas de figure que d’athlètes, car de multiples paramètres entrent en jeu. J’en cite quelques-uns majeurs ci-après – sans prétention d’exhaustivité, car chaque cas est unique.

Circonstance et contexte de l’arrêt du sport : la partie émergée de l’iceberg

De nombreux facteurs constituent la partie émergée, visible de la fin de carrière sportive. Ce sont les plus simples à observer, les plus tangibles.

L’influence d’un arrêt choisi ou subi dans la reconversion des sportifs de haut niveau

Premièrement, tout dépend du motif de la fin de carrière sportive. Cet arrêt est-il choisi (c’est l’athlète lui-même qui décide à quel moment il arrête) ? Ou subi (pour cause de blessure, dé-sélection, fin de contrat, contraintes personnelles… ) ?

Quand bien même l’arrêt semble choisi, cela peut être pour diverses raisons. 

Le sportif souhaite-il terminer sa carrière sur une victoire ? Sur une belle échéance ? 

Le sportif en a-t-il assez des contraintes du haut niveau ? On voit fleurir les témoignages de surentraînement, de burnout dans le sport, comme dans le documentaire Strong notamment…

Lorsque l ’athlète choisit de se retirer en raison de la baisse de ses résultats, est-ce alors réellement un choix ou une stratégie d’évitement face à son déclin ?

Et le sportif qui décide de continuer son sport pour les “mauvaises raisons” ? Non pas parce qu’il a encore en lui la flamme, mais parce qu’il n’a aucune idée de quoi faire ensuite et a peur de s’y confronter.

La frontière entre l’arrêt de carrière volontaire et involontaire n’est pas toujours aussi claire qu’elle y paraît. Et cela participe grandement à la perte de repères pour la suite.

La perception des résultats obtenus durant la carrière sportive

Quel que soit le motif de l’arrêt, est-ce que l’athlète est satisfait des résultats qu’il a obtenus durant sa carrière ? 

Sans surprise, si la performance n’est pas à la hauteur des espérances, il peut y avoir un goût amer, d’inachevé. Voire même éventuellement un sentiment d’échec. 

Si le sportif a été titré durant sa carrière, peut se poser la question de la médaille supplémentaire. “Et si j’avais continué jusqu’à la prochaine échéance, est-ce que j’aurais eu mes chances ? ”, “est-ce que j’en tente une de plus ?”.

Autant de questions qui peuvent jouer dans la décision de se reconvertir ou non, et impacter les émotions vécues au moment d’arrêter son sport.

Le niveau et l’intérêt pour les études

Le domaine et le niveau d’études entre évidemment en jeu lors de l’insertion professionnelle. Il va conditionner l’accès à certains métiers. 

Loin de moi l’idée de dire à tous les athlètes de mener des études supérieures pour s’ouvrir plus de portes. Ce n’est pas accessible, souhaitable, ou encore compatible avec la carrière sportive pour certains. D’autres sportifs réussiront à concilier activité sportive et études supérieures avec brio. 

Je recommande néanmoins aux sportifs, si possible, d’obtenir un certificat ou un diplôme, de préférence dans un domaine qui les intéresse. Car on voit bien que la carrière d’un athlète peut s’arrêter tôt et de manière brutale (subie), et cela facilitera la reconversion dans la majorité des cas.

Malgré tout, soyons honnêtes. Très peu de jeunes à 18 ans ont une connaissance suffisante d’eux-mêmes et une visibilité sur le monde du travail leur permettant de faire des choix complètement alignés et rationnels. Et c’est normal car c’est un âge où l’on découvre et l’on se construit. C’est pourquoi nombre d’entre eux choisissent leurs études “par défaut” au moment de leur orientation. Parce que l’emploi du temps leur permet d’exercer leur sport, qui est leur priorité à ce moment de leur vie.

Mais même en ayant eu un certificat ou un diplôme, quel que soit le domaine ou le niveau de qualification, il est probable que la thématique ne lui convienne plus une dizaine, quinzaine d’années plus tard. Et cela même si le choix des études portait à l’époque sur un sujet qui l’intéressait sincèrement.

C’est pourquoi il est fréquent que des sportifs qui arrêtent leur carrière et se lancent dans un métier en relation avec leur cursus, ne s’épanouissent finalement pas. Ils chercheront alors à se réorienter peu de temps après. 

Je souhaite rassurer sur le fait qu’il est possible de reprendre des études ou des formations par la suite, si l’athlète souhaite se réorienter – ceci est aussi valable pour les non-athlètes.

Le cas d’un double-projet sport et emploi

Quid des sportifs ayant un double projet, ceux qui travaillent en parallèle de leur pratique (ndlr: le terme s’applique aussi au double-projet sport et études) ? 

Pour eux la transition va être plus simple, car ils ont déjà l’expérience et les codes de l’entreprise et un syndrome de l’imposteur moindre.

Ceux qui aiment leur emploi et se sentent bien dans leur entreprise vont pouvoir y rester, et c’est génial tant que ça leur convient. 

Il arrive aussi que le changement de rythme modifie le rapport que le sportif avait avec son entreprise, son métier. Plus d’heures au travail, moins à l’entraînement. Les objectifs sportifs disparus, l’adrénaline des compétitions… C’est finalement un nouvel équilibre qu’il s’agira de trouver, dans le même domaine professionnel ou dans un autre.

Les ressources financières : préjugés et impact sur la reconversion des sportifs

Les ressources dont dispose l’athlète au moment de sa fin de carrière influent sur la manière dont il la gère. Ce sont aussi des éléments qui peuvent soutenir le sportif dans cette transition de vie.

Les ressources financières d’abord. Est-ce que l’athlète dispose d’une épargne de sécurité, voire de confort ? Ces économies peuvent être un moyen de se laisser le temps de la réflexion, de se former, de trouver un emploi ou de monter son activité, le temps de rebondir. 

Or, quand on sait qu’en 2016, un rapport révélait avant les Jeux de Rio que près de 40% des athlètes vivaient sous le seuil de pauvreté, on s’aperçoit que c’est la double peine. En plus d’un retard d’expérience professionnelle à âge égal avec un non-sportif, certains athlètes cumulent aussi un retard en termes de constitution d’une épargne ou d’un patrimoine quand ils cessent leur carrière. Depuis, l’Agence Nationale du Sport, avec d’autres acteurs, a fait un travail considérable pour soutenir les sportifs, et ce chiffre est descendu à 10%. 

On peut penser – à tort, que les athlètes qui ont très bien gagné leur vie n’ont pas à se soucier de l’après. Déjà, il s’agit d’une poignée d’entre eux dans les sports les plus médiatisés. 

Ensuite, même si l’athlète n’a pas besoin de travailler pour gagner sa vie après sa carrière sportive (car il a suffisamment d’épargne, il a fait des investissements…), tout être humain a besoin de faire des choses qui ont du sens afin de s’épanouir. Ceux qui se retrouvent du jour au lendemain à ne rien avoir à faire, car ils n’ont pas besoin de travailler et n’ont pas préparé l’après, peuvent traverser une période de grande détresse.

L’importance du réseau et de l’entourage pour les sportifs de haut niveau

Le sportif a l’opportunité de rencontrer au cours de sa carrière de nombreux professionnels de divers domaines et professions: staff, institutionnels, sponsors, etc. C’est un réseau sur lequel il va pouvoir s’appuyer lors de sa transition. Notamment pour découvrir ou approfondir de nouvelles disciplines, jusqu’à décrocher un emploi, ou trouver un associé pour créer une entreprise. Étendre et cultiver ce réseau durant la carrière sportive peut largement aider au moment de la transition professionnelle. 

Enfin, et pas des moindres, l’entourage familial et proche joue un rôle important pour soutenir et accompagner l’athlète dans cette étape de vie. 

Tous ces facteurs vont avoir une grande influence sur l’athlète et sa gestion de la transition du sport au monde de l’entreprise. En les connaissant, le sportif peut, dans une certaine mesure, créer les conditions les plus favorables possibles pour sa reconversion.

L’aspect psychologique et identitaire de l’arrêt du sport: la partie immergée de l’iceberg

Si chaque sportif vit sa transition différemment, on retrouve des points communs. Ce sont les rapides et remous du fleuve dont je parlais tout à l’heure, dans la métaphore du pont. C’est intéressant de s’y attarder, pas pour faire peur mais bien pour savoir y naviguer. 

Tous sans exception vont connaître ce que l’on appelle une période de deuil en gestion du changement (cf. courbe du changement d’Elisabeth Kübler-Ross). C’est une phase de “descente” durant laquelle il va traverser divers états: déni, colère, tristesse voire dépression. 

Heureusement, cette période fait place à la remontée, où le sportif accepte sa nouvelle réalité, va chercher du sens, puis se remettre en mouvement. 

Cette phase de deuil est inhérente à tout changement qui comporte une perte. Et l’arrêt du sport de haut niveau comprend des pertes à bien des égards.

La perte d’identité des athlètes de haut niveau

On appelle “identité d’athlète” le degré d’identification du sportif à son rôle d’athlète. Si l’individu se définit uniquement par cette casquette-là, le jour où il arrête son sport, la chute risque d’être violente. 

Il est important de rappeler qu’un être humain n’est pas défini par ce qu’il fait (son sport, son métier…), mais bien par qui il est. Quand on se présente en énonçant son métier, on répond à la question “qu’est-ce que tu fais dans la vie?”, pas “qui es-tu?”. Se définir comme “ancien sportif” convient un temps, mais ne fera qu’accentuer cette perte au lieu de penser à l’avenir.

J’invite les athlètes à réfléchir à comment ils se définissent autrement que par leur sport. Et à cultiver d’autres centres d’intérêt afin de découvrir d’autres facettes d’eux-mêmes. 

Cette perte d’identité va de pair avec la perte du statut. Quand on est athlète, pour peu qu’on soit un peu médiatisé et connu, on est admiré. Ce sentiment de “briller” peut manquer à certains. Il n’y a rien de honteux à cela. Je le précise car mes coachés sont toujours un peu gênés de l’avouer. C’est un élément d’information comme un autre, qu’on va intégrer à la réflexion sur l’après-carrière.

Surmonter le sentiment de solitude

Que l’athlète évolue dans un sport individuel ou d’équipe, il y a toujours un collectif lorsqu’on est au meilleur niveau. Ce sont les partenaires d’entraînement (qui peuvent devenir des adversaires en compétition). C’est le staff: les coachs, les médecins, les kinésithérapeutes, les préparateurs mentaux…etc. Des relations fortes se créent avec ces personnes qui œuvrent dans un objectif commun de victoire, car le sport est vecteur d’émotions intenses.

Or, fermer la porte du vestiaire du jour au lendemain constitue la perte de ses coéquipiers. Eux continuent leur rythme comme si presque rien n’avait changé. Et même si l’athlète retraité reste en contact, il ne fait plus partie du groupe. Il n’a pas vécu la dernière victoire avec eux. Et il n’ose pas partager ses doutes et ses questionnements avec son ancienne équipe, car il ne veut pas les importuner, pensant qu’ils ne comprendraient pas… 

C’est difficile de faire preuve de vulnérabilité quand on a été habitué à repousser ses limites, à être invaincu. Cette difficulté peut aussi s’étendre avec l’entourage proche, lequel ne comprend pas toujours l’épreuve que traverse le sportif. Tout ce contexte peut laisser place à un sentiment de solitude.

Comprendre et adapter son rythme

Quand l’athlète arrête son sport qui lui prend parfois jusqu’à 35 heures par semaine, c’est autant de temps libre qu’il a devant lui. Souvent, il se réjouit de ce temps aux premiers abords.

Mais s’il ne sait pas comment, avec quoi et avec qui l’occuper, cette nouvelle liberté peut déstabiliser. C’est le cas s’il n’a pas de projet professionnel ou d’objectif défini. 

J’ai mentionné précédemment les sportifs ayant un double projet, qui travaillaient en parallèle de leur sport. Ils vont, eux aussi, devoir trouver un nouvel équilibre, dans le même environnement professionnel ou dans un autre.

Accepter d’éventuels changements physiologiques

Enfin, l’arrêt de l’activité physique à une telle intensité et un tel volume horaire a des conséquences sur le corps. Ce dernier s’était adapté au niveau biochimique pour supporter et performer dans le sport. Il va devoir s’adapter à sa nouvelle vie après le sport. 

Ces changements ne sont pas uniquement de l’ordre de l’apparence extérieure (gagner ou perdre du poids par exemple). Ils touchent aussi à la nouvelle identité du sportif, et à l’acceptation de qui il est. 

Les changements hormonaux vont également impacter les humeurs, les émotions. Ce n’est pas un hasard si près de la moitié des sportifs qui arrêtent font face à des troubles de santé mentale (troubles du comportement alimentaire, anxiété, dépression, sensation de manque…). La réduction des taux de dopamine et autres hormones libérées lors de la pratique sportive est un facteur à prendre en compte. 

A tous les sportifs qui pensent que “le problème est dans leur tête”, j’espère que ce point pourra vous donner d’autres pistes à explorer pour expliquer votre mal-être.

À mon sens, il est important de ne pas rester seul(e) et de partager ce que l’on ressent. S’il est vraiment impossible de le faire avec vos proches, il ne faut surtout pas hésiter à se tourner vers le corps médical et/ou paramédical (psychologue, thérapies douces…).

Les questions récurrentes sur l’après-carrière des sportifs de haut niveau

Par dessus tous ces changements que le sportif doit gérer du mieux qu’il peut, viennent s’ajouter les questions, parfois les croyances, sur son avenir professionnel. Les plus courantes sont les suivantes: 

  • Ils ont le sentiment d’avoir vécu leurs plus belles années dans le sport, et qu’ils ne trouveront jamais un métier qui les anime autant,
  • Ils ont l’impression de ne pas avoir de compétences transférables en entreprise,
  • Le sujet des études qu’ils ont éventuellement faites avant leur carrière sportive ne leur correspond plus et ils ne se voient pas travailler dans ce domaine,
  • Ils croient que la seule option est de rester dans le milieu sportif (cette croyance n’est problématique que si cela ne les réjouit pas),
  • Pour les “anciens” athlètes déjà en poste, ils ne se sentent pas (ou plus) épanoui(e)s dans leur travail,
  • Ils veulent /doivent se reconvertir, mais pour faire quoi ? Ils n’ont aucune idée de ce qu’ils pourraient faire d’autre. Ou au contraire, ils ont trop d’idées mais n’arrivent pas à choisir,
  • Ils ont peur de se tromper, de prendre la mauvaise décision, de tout changer pour au final être déçu(e)s.

Bref, ils se posent mille questions, toutes légitimes. Certains arrivent à avancer grâce à leur entourage. D’autres pour lesquels il ne ressort rien de concret peuvent se sentir perdus professionnellement.

Les changements que l’athlète traverse touchent tellement d’aspects de sa vie: environnementale, sociale, professionnelle, physique, hormonale… C’est un tsunami, il ne faut pas le sous-estimer ou le minimiser.

Il s’agit dans un premier temps d’informer. Un athlète conscient de ce qui l’attend est mieux armé pour traverser cette période. C’est comme quand on étudie son adversaire en vue de la prochaine compétition: on maximise ses chances de gagner. Et d’ailleurs on gagne rarement seul. D’où l’importance de s’appuyer sur son entourage et son réseau. Et si besoin sur un professionnel de la transition de carrière des athlètes.

Comment réussir une reconversion épanouissante après sa carrière d’athlète  ?

S’informer et comprendre pour mieux anticiper sa reconversion de sportif de haut niveau

Mon intention en répertoriant l’ensemble des changements qui se jouent autour du point de bascule de la fin de carrière n’est pas de faire peur aux athlètes, mais bien d’éveiller les consciences. C’est l’ignorance de tous ces paramètres qui fait que le sportif est heurté de plein fouet par ses émotions lorsqu’il raccroche le maillot. Savoir ce qui l’attend, qu’il n’est pas seul à éprouver cela, est un premier élément dans la gestion de sa transition. 

Ce sont aussi des indicateurs sur lesquels s’appuyer pour identifier les facteurs de risque d’une transition mal préparée et/ou vécue par certains athlètes. Et le cas échéant, leur proposer des mesures de prévention, ou encore une aide adaptée. 

Enfin, cette liste n’est ni systématique (tous les sportifs ne vivront pas tous ces événements), ni limitative (un événement isolé ne prédit pas une transition mal vécue). C’est bien l’équilibre (ou le déséquilibre) des ressources et des obstacles dans le contexte de la fin de carrière de chaque athlète qu’il s’agira d’évaluer.

Anticiper pour s’épanouir à toutes les étapes de sa vie

J’aimerais ajouter qu’il y a plusieurs manières et pas de meilleur moment pour préparer sa fin de carrière. On revient sur le postulat qu’il y a autant de transitions que d’athlètes. Certains vont préférer l’anticiper et préparer leur projet professionnel durant leur carrière, afin de rebondir immédiatement une fois le maillot raccroché. Par exemple en créant leur site internet de sportif pour capitaliser sur leurs accomplissements au moment de la reconversion.

Je tiens à préciser ici que, contrairement aux idées reçues, des études ont démontré que préparer sa reconversion pendant la carrière sportive augmente les performances athlétiques. D’autres athlètes vont se pencher sur la question de la reconversion juste au moment de leur arrêt. Enfin, certains vont se lancer dans une voie professionnelle et décider d’en changer bien des années plus tard. 

Une fois que l’on sait tout cela, il y a des bonnes pratiques à mettre en place durant sa carrière pour préparer au mieux sa reconversion. L’objectif ultime sera de construire un projet de vie, professionnel comme personnel, qui fait du sens et qui enthousiasme l’athlète. Et je partage quotidiennement des informations et astuces sur la reconversion des sportifs de haut niveau sur mon compte Instagram: @athletes.reconversion. N’hésitez pas à vous abonner pour ne rien manquer. Ou encore à me contacter pour de plus amples informations, je répondrai à vos questions avec plaisir.

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